Automne

A l’automne de la vie aujourd’hui arrivés,
Laisse-moi donc, ma mie, rêver… imaginer
Un tendre et doux écrin pour nos vieilles années,

Une petite maison au creux de la forêt ,
Où dans l’âtre cendré de notre cheminée
Des bûches de chêne, gaiement, vont crépiter ;

Un chien fidèle, deux chats, libres de gambader,
Ecureuils et oiseaux pour nous accompagner,
Nous en ferons bientôt un petit nid douillet…

Une solide table, je la veux en noyer,
Pour recevoir nos hôtes, notre vie partager,
Près du fourneau massif, des anciens hérité,

Un grand bahut grinçant, dans un coin une maie,
Deux vieux fauteuils branlants mais aussi bien mollets,
Prêts à nous accueillir, l’un de l’autre à côté,

Où nous bavarderons entre deux doux baisers,
Où nous évoquerons nos étreintes passées,
Cette infinie tendresse par nous deux partagée,

Nous réchauffant souvent d’une bonne flambée,
Ou bien sous la tonnelle quand nous viendra l’été,
Riant à l’unisson d’un papillon tout gai,

Les bois comme jardin, le ciel comme un grand dais,
Rouges-gorges, mésanges viendront nous visiter,
Tous les pinsons riront de nous voir nous aimer,

Et une petite chambre pour notre intimité,
Où nos mains se joindront pour ne plus se lâcher,
Où nous nous quitterons pour mieux nous retrouver.

© Robert Gastaud 7 février 2008

Un texte en vedette

J’ai trois ans… oui, enfin presque quatre mais pas encore alors ça fait que trois ! Et bientôt ce sera moi qui commanderai tout le monde : je serai Président de la République ! Bon, d’accord, je sais pas encore trop bien écrire, mais ça doit pas être si difficile. Je sais déjà un peu quand même, et puis je sais compter. D’abord, pour commander, pas besoin d’écrire, il suffit de dire et puis un autre écrira : ce sera son travail… comme d’autres font à manger ou nettoient la cour de l’école ou conduisent les gros cars qu’on prend parfois pour aller en vacances. C’est vrai, quoi !

Oh zut ! Il paraît que c’est très difficile de devenir Président de la République, que beaucoup de gens se battent pour le devenir et moi, je ne veux pas me battre, juste commander ! Et puis Papa, il me dit souvent que je suis l’Inspecteur des Travaux Finis, ça veut bien dire que je sais ce qu’il faut faire, non ? Alors, tant pis, je serai juste Président de la République d’ici : je vais l’écrire à la craie sur la porte du jardin, comme ça, tout le monde le saura. Après, ce sera moi le commandant !

Voilà, c’est écrit ! je suis déjà presque Président ! Bon, Papa et Maman ne sont pas très contents que j’aie écrit sur la porte, mais ils ont bien ri quand même.

Bouh, je suis triste ! Papa me dit qu’avant de commander, il faut que j’apprenne à obéir. Mais moi, je veux commander, pas obéir. Et puis quand je serai Président de la République d’ici, après, je deviendrai Président de la République de tout le pays, na ! Comme ça, je commanderai tout le monde et tout le monde m’écoutera !

Pourquoi veut-il que j’apprenne à obéir, Papa ? C’est vrai, je n’aime pas qu’on me donne des ordres : si on veut que je fasse quelque chose, il faut me le demander gentiment, sinon, je rouspète. Non, non, je ne fais pas de caprices, c’est juste que je rouspète ! Et puis si j’ai pas envie, j’ai pas envie ! Ça ne m’empêche pas d’être poli avec les gens et de demander « Que dîtes-vous, Madame ? » quand je n’ai pas compris. Alors la dame, avec un grand sourire, répète ce qu’elle m’avait dit.

Des bêtises, bon, j’en fais bien de temps en temps, mais presque pas, hein ! Et quand j’en fais, c’est moi qui suis embêté après : la dent restée plantée dans le bois de la barrière du lit, ou cette drôle de poudre noire dans le flacon, qui m’a bien piqué les yeux quand j’ai soufflé dedans… du poivre, qu’elle a dit, la dame qui me garde et qui était bien en colère ce jour-là, je sais pas pourquoi.  J’avais pas envie de faire la sieste, alors je suis allé voir ce qu’il y avait dans le placard de la cuisine, c’est tout ! J’ai rien fait de mal !

C’est juste que je n’aime pas obéir et que je veux commander, je vous l’ai dit, et puis je veux tout apprendre pour être un Président de la République qui sait tout mieux que les autres.

À l’école – oui, oui, j’y vais déjà un peu pour voir comment c’est – j’écris au crayon de papier, je n’ai pas encore le droit de faire des pâtés d’encre comme les autres, c’est dommage… Mais pourquoi la maîtresse veut-elle toujours me faire faire une chose quand j’ai envie d’en faire une autre ? Ils sont embêtants, ces grands ! Et puis, ils veulent pas comprendre que c’est moi qui commande !

Mais quand je serai grand, je serai Président de la République et ils seront bien obligés de m’écouter, non mais !

© Robert Gastaud – Juin 2008

NB : cette histoire est pure fiction (mon œil !), toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé serait purement fortuite !

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